Lettre au Binsou
à Manuel Martinez
Patchwork III
Halte au Binsou Ferme ariégeoise où le génie se niche
Lieu repos Et refuge Provocateur de Poésie vigoureuse et opulente
dans l’été caniculaire au milieu des bambous
Flash-rock Oasis de l’imaginaire Alchimie de l’osier
Des créatures vives emplissent l’espace le démesurent
And Roll danse trépidante luxure des couleurs embrassées
salses rubescentes dans le cadre dépassé explosé débordé envahi
par le cri de naissance du vagissant créateur
Rire aux éclats d’une fleur passante
devant la jubilation ostentatoire du rêve mis à nu
Minotaures aux pognes hypertrophiées comme tuméfiées
d’avoir trop étreint gorges et fesses charnues, riches et généreuses
à défaut d’avoir embrassé l’horizon
Formes volontairement plantureuses
Peinture virilement charnelle du corps à corps. En transe.
La peinture de Manuel Martinez est un corps à corps époustouflant
avec l’espace et avec le temps
Une débauche de bouches terriblement occupées
Un éclatement de la pupille submergée
par la profusion faussement naïve de tout un peuple
qui cherche son lieu et sa formule
car le texte la lettre la phrase
l’instant creusé dans les volutes littéraires
voué à l’essence des choses
s’incruste dans la composition ou plutôt s’insinue
bas-relief énigmatique
flots de bribes de parole inachevée, se laissant deviner
comme pour dire sans le dire vraiment
ce qui est tellement évidemment absurde
terriblement vrai
qu’on s’abstient paresseusement de le dire ou de l’écrire
art authentique qui fixe le fugace
mais garde intacte la fraîcheur du vertige
Ose dire crier le chant giboyeux du vivre
dans l’éclatante discorde du paraître
Un plein qui célèbre les fruits de la chair
donne à savourer la vérité cruciale des choses simples
et filigrane le lourd secret des désespérances
Une peinture musicale aux mains pleines
La musique de Manuel envahit celui qui
écoute les couleurs colle son tympan
contre le cadre surréalisé c’est
un concert orgasmique qui se rebelle
contre un volume spatial impartial
hurle sa démesure-jouïssance d’être là
dans le cirque douloureux des existences humaines
Ces bougres-là doivent jouer
dans le silence nocturne de la campagne ariégeoise
pour la Sainte Famille, le Christ-assez et le Cadre Dynamique
pour apaiser le fracas des bombes
et le choc des guerriers de l’ombre
les hurlements des opprimés
au milieu des singes épouvantés
et du chat Glycéro
Personne ne viendra se plaindre
des corridas et des fiestas imperceptibles
Dans le déglinguement des cités tentaculaires
les âmes décharnées
entendront-elles peut-être un jour
le cri chantant des toiles de Manuel
pour déranger un instant
les certitudes hautaines des citadins
Oeil sourd et oreille aveugle
que le content-pourri vous décrasse
le cervelet et le fond de l’oeil
et que sa palette plumitive
vous enflamme l’estaminet
PCB 19/08/97
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Dernière mise à jour : dimanche 26 février 2012